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LE NIL.

pas dans le plan du voyage de M. Maxime Du Camp dont le but est, si l’on peut s’exprimer ainsi, la monographie du Nil ; il en tire pourtant un crayon rapide où aucun trait essentiel n’est omis ; il retrace le dédale des ruelles étroites, encombrées d’ânes et d’âniers que surmonte la bosse d’un chameau au col d’autruche et remplies d’une foule bigarrée de fellahs, nus sous leur robe de cotonnade bleue ; de Turcs gênés par la redingote et le pantalon du Nizam ; de bédouins de Libye embossés dans leurs couvertures grises et les pieds entourés de chiffons ficelés de cordelettes ; d’Abbadiehs en caleçons blancs, portant des aiguillons de porc-épic dans leurs chevelures graissées de suif ; d’Arnautes avec leur fustanelle, leur veste rouge, leurs armes passées à la ceinture et leur longue moustache retroussée ; d’Arabes du Sinaï, drapés de haillons et ne quittant jamais leur cartouchière ornée de verroteries ; de nègres du Sennaar, de Mâgrebins en bournous ; d’Abyssins en turban bleu ; de Nubiens vêtus d’une guenille ; d’habitants de l’Hedjaz au coufieh