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L’ORIENT.

construction des milliers d’hypogées et de puits funéraires qui doivent recevoir les momies ; enfin il fait défiler à travers les rues de cette ville étrange le convoi d’un scribe royal avec son catafalque traîné par des bœufs, ses légions de pleureuses, son armée de serviteurs portant des armes, des offrandes.

Nous regrettons que l’étendue de ce morceau ne nous ait pas permis de le citer textuellement, la beauté du style s’y joint à la science. Assurément aucun voyageur moderne n’a tracé d’une ville encore existante, Constantinople, le Caire, Rome ou Grenade, un tableau plus détaillé, plus vivant, plus exact et plus pittoresque : on dirait que l’artiste, assis sur la terrasse d’un palais, dessine et peint d’après nature, comme s’il était contemporain de Rhamsès et que le sable n’eût pas recouvert de son linceul, que percent quelques ruines gigantesques, la cité à jamais disparue ; et pourtant ne croyez à aucune supposition hasardée, à aucun remplissage téméraire. Chaque détail est justifié