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ACROBATES INDIENS.

sur son axe, avec une éblouissante rapidité ; elle s’y rattache par le pli du jarret, par la cambrure de sa nuque attrayante et gracieuse, serrant tous les cœurs d’une voluptueuse angoisse et les rassurant par l’aisance, la précision et la certitude de son travail.

Il faut bien redescendre sur la terre. Le moyen qu’emploie pour revenir parmi nous la gymnaste intrépide est de la plus originale hardiesse. On approche d’elle une corde ; elle lui imprime du pied un mouvement de rotation et se laisse glisser lentement le long de cette spirale, qu’elle maintient avec une incroyable adresse, le corps penché en avant, les bras tendus, une jambe relevée en arrière, dans la pose de ces génies debout sur la pointe de l’orteil, au sommet d’une colonne, comme les Victoires, les Fortunes et les Libertés.

Quand la Pereira se fut retirée, suivie des applaudissements de toute la salle, Ramjar et Samjo, les deux frères, nous dit-on, firent leur entrée avec cette dignité simple particulière aux peuples orientaux. Ils saluèrent,