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L’ORIENT.

inclinant légèrement la tête et portant la main de leur poitrine à leur front. Ils étaient coiffés de turbans coniques renflés à la base par de nombreux enroulements de mousseline qui encadraient leurs longs cheveux d’un noir de jais. Dans ces visages jeunes, réguliers et presque féminins par la douceur, d’une couleur indéfinissable entre le cuir de Cordoue et le bronze florentin, s’épanouissaient comme deux mystérieuses fleurs noires, de grands yeux pleins de langueur et de mélancolie. Leur costume consistait en une sorte de pourpoint de damas vert, avec les grègues pareilles et un maillot rouge pour le plus jeune, et pour le plus âgé en un vêtement de même coupe, mais entièrement rouge.

Les Indous, même ceux dont le métier est de faire des tours de force, n’ont pas l’apparence athlétique. On ne voit pas sur leurs bras élégants, et un peu minces comme ceux des adolescents, ces biceps et ces nodosités de muscles dont se glorifient les hercules. Ils sont grands, sveltes, délicatement proportionnés.