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L’ORIENT.

ressembler à ces figurines en terre cuite, aux cheveux et aux sourcils blancs, représentant des Mounis ou des Richis faisant pénitence, car il y a bien longtemps de cela, et nous sommes peut-être le seul à qui soit resté le souvenir de ces noms exotiquement bizarres. Mais il fallait cependant se contenter de la grosse musique du cirque avec sa fanfare éternelle et ses éclats de cuivre.

Cependant, le plus jeune des deux frères gravissait nonchalamment l’échelle qui mène aux chevalets de la corde. Ses mouvements sont lents et doux. Il se place sans bravade à son poste périlleux, et ne tend pas la semelle au classique blanc d’Espagne, car il n’a d’autre chaussure que le pied tricoté de son maillot. On lui tend son balancier, et le voilà parti, d’un pas d’ombre, glissé, surnaturel, s’allongeant et se refermant sans lever le pied. Rien de plus étrange et de plus fantastique que cette progression silencieuse, immobile pour ainsi dire. C’est ainsi que doivent marcher les apparitions.

Arrivé au milieu de la corde, dont la