Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
TUNIS.

où se tiennent les marchands accroupis et rêveurs, que la pratique semble toujours déranger ; il visite les échoppes et les palais, rencontre au tournant d’un carrefour une procession d’aïssaouas, assiste à une noce juive, qu’il a peinte d’une aussi belle couleur que la Noce juive de Delacroix, voit danser les aimées, écoute les joueurs de rebeb et de tarbouka, visite les hauts fonctionnaires européens et musulmans dans leurs fraîches retraites et leurs kiosques aux colonnettes de marbre, aux revêtements d’azulejos, aux coupoles ouvragées comme des gâteaux d’abeille, raconte sur la vie de la femme en Orient ce que peut en dire un voyageur qui s’interdit scrupuleusement toute hâblerie romanesque, décrit les costumes, n’oublie aucune singularité pittoresque ; mais en même temps il étudie l’infiltration des idées modernes dans ce vieil Orient qu’on réputait immobile, il dit les améliorations qu’on voit se succéder chaque jour, le progrès évident des mœurs, l’absence du fanatisme, la tolérance poussée jusqu’où elle peut