Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
357
LE SAHARA.

pied. Pendant ce temps, les chameaux, le col tendu, font de leur côté provision de fruits et de feuilles. L’arbre reçoit sur sa tête ronde les rayons blancs de midi ; par-dessous, tout paraît noir ; des éclairs bleus traversent en tous sens le réseau des branches ; la plaine ardente flamboie autour du groupe obscur, et l’on voit le désert grisâtre se dégrader sous le ventre roux des dromadaires. »

Ces lignes ne valent-elles pas le tableau de Marilhat qu’elles rappellent ? Il ne leur manque qu’une bordure d’or pour les suspendre au mur d’une galerie.

Le convoi s’avance faisant fuir les lézards dormant au soleil, les vipères cachées sous les touffes d’absinthe, les rats peureux et plongeant au moindre bruit la tête dans leurs trous, — toute cette vermine fourmillante, amie des longues siestes sur le sable chaud.

« Mais, au milieu de ce peuple muet, difforme ou venimeux, sur ce terrain pâle et parmi l’absinthe toujours grise et le k’taf salé, volent et chantent des alouettes, et des alouettes de France ! Même taille, même plu-