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L’ORIENT.

Les jambes fluettes de mademoiselle Taglioni soulevant des nuages de mousseline vous reviennent aussi en mémoire, et les nuances roses de son maillot vous jettent dans des rêves de même couleur. La bayadère très-peu hindoue de l’Opéra se mêle malgré vous à la devadasi de Pondichéry ou de Chandernagor.

Jusqu’à présent les bayadères étaient restées pour nous aussi mystérieusement poétiques que les houris du ciel de Mahomet. C’était quelque chose de lointain, de splendide, de féerique et de charmant, que l’on se figurait d’une manière vague dans un tourbillon de soleil, où étincelaient tour à tour des yeux noirs et des pierreries. Les récits des voyageurs, toujours occupés de la recherche d’un insecte ou d’un caillou, ne nous avaient donné que des notions fort insuffisantes à leur endroit, et, à l’exception de la ravissante histoire de Mamia, racontée par Hummer, nous ne savions rien sur les danseuses de l’Inde, pas même leur nom ; car le mot bayadère est portugais : elles s’appellent