Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/390

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
380
L’ORIENT.

lentes de lumière qui s’étend à perte de vue.

Les anfractuosités, les stries, les effritements, les fissures, les rugosités, les mille accidents de ces grandes masses, leurs colorations diverses, ont été rendus par M. Abadie avec une conscience et un talent merveilleux. Au moyen de morceaux de liége spongieux, il a imité le grain de la roche pénétrée par la pluie ; d’autres morceaux, crevassés et noircis, ont reproduit le ton rembruni des lézardes ; avec d’autres, plus sains et plus blonds, il a su attraper aussi bien que Decamps ou Marilhat, cet aspect de pain grillé que la pierre prend au soleil dans les pays chauds. Toute cette ardeur est rafraîchie, çà et là, par quelques touffes vert-glauque de cactus étalant leurs palettes sur deux poignées de terre végétale.

Aucun détail ne manque : — voici le rocher le long duquel sont descendues les femmes du Bey, et la porte basse de la fontaine thermale romaine, la rigole qui côtoie le Rummel et conduit l’eau au moulin, — rigole que nous avons suivie pour pénétrer