Page:Gautier - L’Orient, tome 2, Charpentier-Fasquelle, 1893.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
LES BAYADÈRES.

cette calotte est maintenue par un cordon qui aboutit à un cercle transversal ; les tresses sont entremêlées de filets d’or et de houppes de soie. L’on ne peut rien voir de plus étrangement gracieux et de plus coquettement sauvage que cette coiffure.

D’énormes pendeloques, bizarrement travaillées, scintillent et frissonnent au bout des oreilles percées de trous démesurés, où l’on pourrait faire entrer le pouce. Le lobe supérieur est aussi criblé d’ouvertures remplies par de petites chevilles de bois, pour les empêcher de se refermer.

De plus, ce qui contrarie un peu nos idées en matière d’élégance, la narine gauche percée, ainsi que la cloison nasale, donne passage à un anneau d’argent enrichi de pierreries, qui retombe sur la lèvre supérieure. Au premier abord, cet ornement semble d’un goût barbare ; mais l’on s’y accoutume bien vite, et l’on finit par y trouver une grâce dépravée et piquante : au milieu de ces figures bistrées, cet anneau écaillé de vives paillettes de lumière produit un bon effet, il éclaire