Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/101

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sans effort : un Briarée collectif dirigé par une pensée unique accomplira en peu de temps cette besogne cyclopéenne, – un cerveau et mille bras !

Voici la manière de procéder de l’artiste : il dessine au trait d’une façon arrêtée ses compositions dont il livre un calque à son collaborateur Papety, qui les copie au fusain sur une grande échelle. Le talent intelligent et souple de M. Papety le rend admirablement propre à ce travail, qui n’exige pas moins d’habileté que d’abnégation. Chenavard arrête l’effet, ôte ou ajoute aux contours, donne de l’accent, et fait de ce dessin exécuté par un autre une chose tout à fait sienne. Alors on fixe le fusain au moyen de vernis et d’essence pour que la poussière noire ne s’envole pas au premier souffle, et l’on passe au carton définitif, qui a la grandeur du tableau même qu’il représente. Chenavard retouche cette dernière édition de sa pensée, la corrige et lui imprime le caractère. – Ce sont ces cartons qu’il doit faire mettre en place et apprécier par le public avant de commencer à peindre : on verra ainsi toute l’œuvre, et malgré l’absence de tons, on pourra préjuger de l’effet.

Les grands cartons achevés, des esquisses calquées sur les dessins fixés seront peintes d’abord en grisaille avec du blanc et de la terre de Cassel par son collaborateur, puis glacés légèrement par Chenavard des tons qu’il aura choisis. Les bleus, les rouges, les verts seront mis en place. Ensuite, l’esquisse achevée et reprise sera placée à côté du grand carton.

Les peintures murales ébauchées aussi en grisaille par vingt-cinq ou trente peintres amis, disciples ou simples travailleurs, recevront d’après ces esquisses leur coloration