Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/103

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à l’œuvre immense dont nous venons de reproduire, autant que la plume le peut, les principaux linéaments et les intentions les plus importantes.

L’on comprend, d’après ce que nous avons dit, que le mérite d’exécution, proprement dit, est tout à fait secondaire dans un pareil travail. Cependant, la méthode suivie par l’artiste, dont le but a été d’écrire sa pensée avec le crayon, comme le poëte le fait avec la plume, ne laisse rien à désirer sous le rapport de la science pratique et du métier. Titien, Paul Véronèse, Corrège ne procédaient pas autrement, et l’aspect général de ces peintures maintenues dans la gamme de la fresque, sans en avoir la crudité et la sécheresse, aura certainement un aspect très-doux et très-harmonieux.

Lorsque M. Ledru-Rollin donna le Panthéon à Chenavard, et ce sera peut-être le seul acte de son ministère dont la postérité lui saura gré, on s’étonnera du mode de rémunération demandé par l’artiste. Cette idée de peintres payés à raison de dix francs la journée, – c’est le prix auquel le maître lui-même avait évalué son travail, – parut un peu singulier et blessa quelques susceptibilités, fort honorables d’ailleurs : on voulut voir là une dégradation de l’art, très-imaginaire à notre avis. – Qu’importe que ce soit le tableau et le travail qui soit payé ? Pierre-Paul Rubens, qui n’était pas un rapin, demandait un florin par heure et ne se croyait nullement déshonoré pour cela.

Cette manière est la plus sûr, la seule peut-être, de conduire à bien ces immenses travaux, et l’expérience en prouvera toute la sagesse. – Dans deux ans, les cartons seront mis en place et livrés à l’examen du public. Dans huit