Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/73

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toutes les religions n’étaient que des formes diverses de la même idée, et que, vues d’une certaine hauteur, ces formes devaient être indifférentes : c’est le Verbe, le grand Pan que l’humanité adore sous une multitude de pseudonymes : tous les noms des divinités sont les épithètes de la litanie de ce Dieu unique, général, éternel ; le Verbe nageant dans la lumière, c’est-à-dire l’intelligence suprême et régulatrice dont chaque être animé contient une parcelle et que l’homme seul porte avec conscience dans son cœur et dans sa tête.

Il a donc fait une idole, c’est-à-dire une image plastique que tout le monde peut adorer, car elle contient le culte de chacun avec la généalogie de ce culte : tel devait être le maître-autel d’un temple panthéiste, car le panthéisme a pour mission d’absorber dans son vaste sein toutes les idées et toutes les formes ; il n’exclut aucune religion, il se les assimile toutes.

Sous le portique de droite, on voit Zoroastre et Cyrus, Fo et Confucius, Toth, Hermès et Pythagore, Platon, Solon, Lycurgue, puis Orphée, Homère, Hésiode, Périclès, Phidias, Esope et les Sibylles, tous ceux qui ont transmis le Verbe et prophétisé, c’est-à-dire formulé par anticipation le Verbe de l’avenir.

Sous le portique de gauche sont groupés Adam et Eve, que l’ange chasse de son épée flamboyante ; Melchisédech qui, par l’oblation du pain et du vin, donne la figure symbolique de la cessation des sacrifices sanglant auxquels se substitue la Messe ; Abraham, près d’immoler son fils, image de l’ancienne loi ; Noé ivre et maudissant Cham, Elisée laissant son manteau, Moïse tenant les tables de la loi ; Josué, David avec sa harpe, Samuel, Salomon