Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/88

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car la douceur de ces sons les fait songer aux concerts célestes dont ils seront privés longtemps encore.

Plus loin, des figures errant sous les arbres tendent leurs bras vers les fruits qu’elles ne peuvent atteindre et qui pendent sur leurs têtes. La main les effleure, mais sans les jamais détacher du rameau que le jour où la peine est finit.

D’autres coupables, plus chargés de péchés, descendent l’âpre flanc de la colline, courbés sous une énorme pierre qui les ploie en deux et leur met presque les genoux au menton, tandis que les âmes épurées déjà montent vers la montagne de lumière par l’étroit sentier creusé dans le roc.

A droite, sur le lac étincelant qui baigne le pied de la montagne, s’avance une barque pilotée par un ange, dont les longues ailes déployées servent de voiles au souffle de Dieu qui la pousse ; elle vient chercher les âmes dont le temps est achevé et qui vont jouir enfin de la vue du triangle rayonnant.

Cette composition forme un contraste bien senti avec celle de l’enfer. Dans l’enfer, ce ne sont que des supplices hideux, contorsions violentes, souffrances inouïes, mais principalement physiques : la punition est matérielle, brutale et barbare comme le crime ; le bourreau est aussi