Page:Gautier - La Chanson de Roland - 1.djvu/539

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
LA CHANSON DE ROLAND

Puis, Charles fait sur la place disposer quatre bancs ;
Là vont s’asseoir ceux qui doivent combattre ;
Au jugement de tous, leur plaid est régulier :
C’est Ogier le Danois qui régla tout.
Alors : « Nos chevaux ! nos armes ! » s’écrient les deux champions.


CCLXXXVI


Depuis qu’ils se sont mis en ligne pour leur duel,
Pinabel et Thierry se sont bien confessés, ont reçu l’absolution et la bénédiction du prêtre,
Puis ont entendu la messe et reçu la communion,
Pour les églises ont laissé grandes aumônes.
Les voilà enfin revenus devant Charles.
À leurs pieds ils ont chaussé les éperons,
Puis revêtu leurs blancs hauberts, qui sont à la fois forts et légers.
Ils ont sur leur tête assujetti leurs heaumes clairs
Et ceint leurs épées à la garde d’or pur.
À leur cou ils suspendent leurs écus écartelés.
Dans leur poing droit ils tiennent leurs épieux tranchants,
Puis sont montés sur leurs rapides destriers.
Alors on vit pleurer cent mille chevaliers,
Qui pour Roland ont pitié de Thierry.
Mais Dieu sait comment tout finira.


CCLXXXVII


Au-dessus d’Aix il est une vaste plaine :
C’est là que les deux barons vont faire leur bataille.
Tous deux sont preux, et leur courage est grand.
Rapides, excités sont leurs chevaux ;
Ils les éperonnent, leur lâchent les rênes,
Et, rassemblant toute leur vigueur, se vont frapper mutuellement.