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MUILLER — MUNT

hosturs muez, 129. Cf. le v. 31, où l’on trouve par erreur muers : Set cenz camelz e mil hosturs muers.

MUILLER, S. s. f. Femme, dans le sens d’épouse (Mulier) : Sa muiller Bramimunde, 2576. — R. s. f., muiller : De meie part ma muiller saluez, 361, muiler, 1960. Dans ce dernier vers seulement muiler a le sens de « femme en général ». — R. p. f., muillers : Enveiu(n)s i les fils de nos muillers, 42.

MUL. R. s. m. Mulet (Mulum), 480, 757. — R. p. m. : muls, 32, 130, 1000, 2811.

MULE. R. s. f. (Mulam), 757. (Munter l’unt) fait en une mule d’Arabe, 3943. Les mules d’Arabie sont célèbres ; mais est-ce uniquement pour la rime ? — S. p. f. : mules, 978. — R. p. f. : mules, 89.

MULEZ. S. s. m. Mulet (c’est un diminutif de mul) : De sul le fer fust uns mulez trussez, 3154. — R. s. m. : mulet, 861. — R. p. m. : mulez, 158.

MULT. Adv. Beaucoup (Multum) : Mult granz amistez, 29. Jo vus aim mult, 635. Mult quiement, 1644. Cf. 53, 1538, 1645, 1646, 2026, 3084... ═ On voit par le premier de ces exemples que mult accompagne et modifie les adjectifs ; le second exemple nous le montre avec un verbe, et le troisième avec un autre adverbe. Ce sont les trois emplois dont il est susceptible.

MULTES. Adj. r. s. f. Nombreuses (Multas) : Escuz unt genz, de multes cunoisances, 3090.

MUN. Adjectif ou pronom possessif, r. s. m. et n. (Meum), 188, 276, 362, 629, 651, 785, 867, 892, 2347, 2914, 3072, 3591, 3592, 3907. Une seule fois on trouve mun, par erreur, au s. s. m., au lieu de mis : Ma hanste est fraite e percet mun escut, 2050.

MUNIES. R. p. m. Moines (Monachos), 2956. Voy. Monie et notre note du v. 1881.

MUNIGRE. R. s. m. Nom d’une localité païenne (Montem-nigrum ? Pour la régularité de l’assonance il faut lire Muneigre) : De l’altre part est Chernubles de Munigre, 975.

MUNJOIE. Cri de guerre des Français. C’est, à proprement parler, le nom de l’enseigne de Charlemagne, ou, pour préciser davantage, de l’Oriflamme : Gefreid d’Anjou portet l’Orie flambe. — Seint Pière fut, si aveit num Romaine ; — Mais de Munjoie iloec out pris eschange, 3093, 3095. Ailleurs on l’appelle : Munjoie, l’enseigne renumée, 3565 ; et, pour plus de clarté, nous lisons plus haut : Munjoie escriet, ço est l’enseigne Carlun, 1234. En résumé, c’est ici le nom de drapeau qui est devenu le cri de guerre. Mais encore, d’où vient le nom du drapeau ? Très-probablement de meum gaudium, « mon joyau, » qui est une allusion à l’épée de Charles, à cette Joiuse qui contenait les reliques de la Passion. À Rome il existe un Mons Gaudii, et la remise de l’enseigne Romaine a pu se faire sur cette colline. (Voy. p. 190.) Cf. Génin. Roland, 422, et Littré, en son Dictionnaire, au mot Montjoie, qu’il explique comme « étant le nom de la colline près Paris où saint Denys subit le martyre ». Mais on remarquera tout au moins l’absence du t étymologique, du t de montem, dans le Munjoie de la Chanson de Roland. ═ S. s. f. : De tutes parz est Munjoie escriée, 1378. — R. s. f. : Ki dunc oïst Munjoie demander, 1181. Granz est la noise de Munjoie escrier, 2151. Cf. 1234, 3095, 3565.

MUNT. S. p. m. Montagnes (Montes) : Sunent li munt e respundent li val, 2112. — R. p. m., munz : Cercet les vals e si cercet les munz, 2185. Cf. 856, 1851, 2134. ═ Munt entre dans la composition d’amunt, 2235, etc., et cuntremunt, 419... V. ces deux mots.