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SEIGNUR — SEIR

parf. simpl. Fit le signe de la croix (Signavit) : Seignat sun chef de la vertut poisant, 3111. Il s’agit ici de Charlemagne, qui s’arme de ce signe au moment de la grande et décisive bataille contre Baligant. Mais partout ailleurs, dans notre poëme, ce mot s’applique à la bénédiction qui accompagne l’absolution sacramentelle, lorsque le prêtre dit : Ego te absolvo a peccatis tuis in nomine Patris , et Filii, et Spiritus sancti. — Parf. comp., 3e p. s., avec un r. s. m., ad seignet : De sa main destre l’ad asols e seignet, 340. E l’Arcevesques l’ad asols e seignet, 2205, et avec un r. p. m. : Ben sunt asols e quites de lur pecchez, — E l’Arcevesque de Deu les ad seignez, 1140, 1141. 3e p. p., unt seignez : Si’ s unt asols e seignez de part Deu, 2957. — Part. pass., r. s. m. : seignet, 340, 2205. S. p. m., seignez : Ben sunt cunfès e asols e seignez, 3859. R. p. m. : seignez, 1141, 2957.

SEIGNUR. S. s. m. (par erreur) Seigneur. (Seignur, qui est essentiellement un cas-régime, vient de seniorem. Senior, c’est l’aîné des enfants, auquel le droit féodal attribue tant d’avantages. Et ce n’est pas ici, comme on l’a cru, l’idée de la vieillesse qui a entraîné celle du commandement, de l’autorité.) Le seignur d’els est apelet Oedun, 3056. Le véritable sujet est sire, 297, 1521, 2504, 2656, etc., que l’on trouve également au voc. s. m., 227, 753, 2138, 2441, 3209, etc. — R. s. m. : seignur, 26, 364, 379... ; seignor, 1010, 2380, et sire, par erreur, 3470. — Voc. p. m. : seignurs, 15, 70, 79, 1127, 2106, 3627, et seignors, 1854... — R. p. m. : seignurs, 2432. ═ On disait un « seigneur lige » : Plurent lur filz... e lur lige(s) seignurs, 2421, 2422.

SEIGNURILL. Adj., r. s. Seigneurial (Senioritem) : Quant vus serez el’ palais seignurill, 151.

SEINET (ad). Verbe neutre, 3e p. s. du parf. comp. A saigné (Sanguinatum habet) : Tant ad seinet li oil li sunt trublet, 1991.

SEINTISME. Adj. superlatif, s. s. f. (Sanctissima.) E ! Durendal ! cum es bele e seintisme, 2344. V. le suivant.

SEINT. Adj., s. s. m. Saint (Sanctus), 921, 1479, 2390, 2395, 3610, 3993, etc. La forme correcte serait seinz. — Voc., s. f. : seinte, 2303. C’est ainsi, suivant nous, qu’il faut lire l’abréviation sce, et non pas sancte. — R. s. m. : seint, 53, 973, 1581, 2346, 2526, 3685, 3693, 3746. — R. s. f. : seinte, 2245, 2348, et sainte, 3612. Il faut lire seinte aux v. 1634, 2938, etc., et non pas sancte, qui est tout à fait contraire à la phonétique de notre manuscrit. — S. p. m. : seinz (au lieu de seint), 1134. — R. p. m. : seinz, 3718. Dans ce dernier vers : Ne place Deu ne ses seinz, ce mot est employé substantivement. Cf. peut-être le v. 1428. — R. p. f., seintes : En seintes flurs il les facet gesir, 1856. Cf. sentes, au v. 2197. Les « saintes fleurs », c’est l’image par laquelle notre poëte désigne le Paradis. — Au superlatif, s. s. f. : seintisme, 2344. V. le précédent.

SEINZ. Prép. Sans (Sine. Le z, qui peut-être est appelé et justifié par la nasale, remplace (?) l’s, que nous avons constaté dans alques, sempres, etc. C’est du moins l’hypothèse que nous proposons ??) : Là purparolent la traïsun seinz dreit, 511. Ambure ocist seinz nul recoeverement, 1607. Ja prist-il Noples seinz le vostre comant, 1775. Seinz hume mort (ceste bataille) ne poet estre achevée, 3579. Cf. 3914, et senz, aux v. 2039 et 3619.

SEIR. R. s. Soir (Serum) : En Rencesvals furent mort l’altre seir, 3412. ═ Rem. la loc. her seir : Fut ocis her seir, 2745.