Page:Gautier - La Chanson de Roland - 2.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
NOTES ET VARIANTES, VERS 96

vrai que Charles se vengea plus tard sur Marsile. Mais Bernard del Carpio fut le plus heureux. Réconcilié avec le grand Empereur, il fut fait par lui roi d’Italie. » (Chronica Hispaniæ, IV, cap. x et xi ; Cronica general, édition de 1604, f° 30-32. — Cf. Histoire poétique de Charlemagne, 282-285.) ═ 11° Gaydon est une Chanson de la première partie du xiiie siècle, une œuvre littéraire, et dont l’auteur n’a pas puisé dans la légende. Le principal personnage n’est autre que Thierry, ce même Thierry qui a été le champion de Roland contre Pinabel. Il est baptisé dans ce poëme du nom de Gaydon, à cause d’un geai qui vient se poser sur son heaume, au moment même de son combat avec le défenseur de Ganelon. C’est d’ailleurs l’unique variante que nous offre cette œuvre de second ordre et qui n’a rien de traditionnel. ═ 12° Les « Chroniques de Saint-Denis » soudent entre elles (singulier mélange) les Annales d’Eginhard et la Chronique de Turpin. On n’y trouve qu’un épisode réellement original.... « Roland assiége Grenoble, lorsque tout à coup il apprend que Charles est attaqué en Dalmatie par les Saisnes, les Vendres et les Frisons. Comment lui porter secours ? Abandonner le siége de Grenoble ? Roland ne saurait s’y résoudre. Il s’agenouille, demande un miracle à Dieu, et voici soudain que les murs de Grenoble s’écroulent. Roland peut alors partir à la délivrance de son oncle. » ═ 13° Le Roland anglais du xiiie siècle (v. la première édition de la Chanson de Roland, par F. Michel, pp. 279-284) suit tour à tour le Faux Turpin et nos Chansons de geste. ═ 14° Parmi les quatre fragments néerlandais publiés par M. Bormans (xiiie et xive siècles), deux suivent la Chronique de Turpin, deux autres la version d’Oxford. (V. les Épopées françaises, II, p. 415.) ═ 15° Girart d’Amiens (commencement du xive s.) ne fait guère, dans son Charlemagne, que traduire dévotement le prétendu Turpin. ═ 16° L’auteur allemand du Karl Meinet, contemporain de Girart d’Amiens et compilateur de la même famille, n’a également consulté que les sources latines pour les commencements de l’expédition d’Espagne. Mais, pour le Roncevaux, il a simplement rajeuni le Ruolandes Liet, qui lui-même est um rajeunissement du Roland d’Oxford. ═ 17° « L’office de Charlemagne à Girone » (vers 1345) est plus original. Au moment de franchir les Pyrénées, Charles a une belle vision : Notre-Dame, saint Jacques et saint André lui promettent la victoire, mais à la condition qu’il bâtira dans Girone une belle église à la Vierge. Le grand Empereur se met en devoir d’obéir. Il bat les païens à Sent-Madir, et met le siége devant Girone. Une croix rouge reste durant quatre heures au-dessus de la mosquée ; il pleut du sang ; les miracles abondent... » (V. l’Histoire poétique de Charlemagne.) Ce même Office place la prise de Narbonne par saint Charlemagne avant, et non après l’expédition d’Espagne. ═