Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/101

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Si dur qu’il soit, il faut qu’ils remplissent leur sort ;
Nul n’y peut résister, et le genou d’Hercule,
Pour un pareil athlète est à peine assez fort.

Après la vie obscure une mort ridicule ;
Après le dur grabat un cercueil sans repos
Au bord d’un carrefour où la foule circule.

Ils tombent inconnus de la mort des héros
Et quelque ambitieux, pour se hausser la taille,
Se fait effrontément un socle de leurs os.

Sur son trône d’airain, le destin qui s’en raille,
Imbibe leur éponge avec du fiel amer,
Et la nécessité les tord dans sa tenaille.

Tout buisson trouve un dard pour déchirer sa chair,
Tout beau chemin pour eux cache une chausse-trappe,
Et les chaînes de fleurs leur sont chaînes de fer.