Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Puis il retombera dans cette eau solitaire
Où le rond de sa chute ira s’élargissant :
Alors tout sera dit pour cette pauvre terre.

Rien ne sera sauvé, pas même l’innocent.
Ce sera, cette fois, un déluge sans arche ;
Les eaux seront les pleurs des hommes et leur sang.

Plus de mont Ararat où se pose, en sa marche,
Le vaisseau d’avenir qui cache en ses flancs creux
Les trois nouveaux Adams et le grand patriarche.

Entendez-vous là-haut ces craquements affreux ?
Le vieil Atlas lassé retire son épaule
Au lourd entablement de ce ciel ténébreux.

L’essieu du monde ploie ainsi qu’un brin de saule ;
La terre ivre a perdu son chemin dans le ciel ;
L’aimant déconcerté ne trouve plus son pôle.