Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/133

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Figure à l’air pensif, et toujours à genoux ;
Les mains jointes devant ton idole muette,
Te voilà donc vivante et revenue à nous !

Je te reconnais bien ; oui, c’est bien toi, poëte,
Le camail écarlate encadre ton front pur
Et marque austèrement l’ovale de ta tête.

Tes yeux semblent chercher dans le fluide azur,
Les yeux clairs et luisants de ta maîtresse blonde,
Pour en faire un soleil qui rende l’autre obscur.

Car tu n’as qu’une idée et qu’un amour au monde ;
Tout l’univers pour toi pivote sur un nom
Et le reste n’est rien que boue et fange immonde.

Sous le laurier mystique et le divin rayon,
Tu t’avances traîné par l’éclatant quadrige,
Entre la rêverie et l’inspiration.