Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/185

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C’est vous qui disputez, dans les tombeaux ouverts,
Pour prendre leur linceul, les trépassés aux vers,
Et qui ne laissez pas debout une colonne
Sur la fosse d’un siècle où pendre sa couronne.
Par la vie et la mort, par l’enfer et le ciel,
Par tout ce que mon cœur peut contenir de fiel,
Soyez maudits !

Soyez maudits !Jamais déluge de Barbares,
Ni Huns, ni Visigoths, ni Russes, ni Tartares,
Non, Genseric jamais ; non, jamais Attila,
N’ont fait autant de mal que vous en faites là ;
Quand ils eurent tué la ville aux sept collines,
Ils laissèrent au corps son linceul de ruines.
Ils détruisaient, car telle était leur mission,
Mais ne spéculaient pas sur leur destruction.
C’est vous qui perdez l’art et par qui les statues,
Près de leurs piédestaux moisissent abattues ;
Destructeurs endiablés, c’est vous dont le marteau
Laisse une cicatrice au front de tout château ;

C’est vous qui décoiffez toutes nos métropoles,