Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



Peut-être n’a-t-on pas sommeil ! Et quand la pluie
Filtre jusques à vous, l’on a froid, l’on s’ennuie
Dans sa fosse tout seul.
Oh ! que l’on doit rêver tristement dans ce gîte
Où pas un mouvement, pas une onde n’agite
Les plis droits du linceul !

Peut-être aux passions qui nous brûlaient, émue,
La cendre de nos cœurs vibre encore et remue
Par-delà le tombeau,
Et qu’un ressouvenir de ce monde dans l’autre,
D’une vie autrefois enlacée à la nôtre,
Traîne quelque lambeau.

Ces morts abandonnés sans doute avaient des femmes,
Quelque chose de cher et d’intime ; des âmes
Pour y verser la leur ;
S’ils étaient éveillés au fond de cette tombe,
Où jamais une larme avec des fleurs ne tombe,
Quelle affreuse douleur !