Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/36

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Dans son cadre terni, le pâle Christ d’ivoire
Cloué les bras en croix sur son étoffe noire,
Redoublait de pâleur ;
Et comme au Golgotha, dans sa dure agonie,
Les muscles en relief de sa face jaunie
Se tordaient de douleur.

Les tableaux ravivant leurs nuances éteintes
Aux reflets du foyer prenaient d’étranges teintes,
Et, d’un air curieux,
Comme des spectateurs aux loges d’un théâtre,
Vieux portraits enfumés, pastels aux tons de plâtre,
Ouvraient tout grands leurs yeux.

Une tête de mort sur nature moulée
Se détachait en blanc, grimaçante et pelée,
Sous un rayon blafard.
Je la vis s’avancer au bord de la console ;
Ses mâchoires semblaient rechercher leur parole
Et ses yeux leur regard.