Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/361

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Et que je suis bien fou de douter d’un amour
Dont personne ne doute, et prouvé chaque jour.
J’ai tort ; mais que veux-tu ? ces angoisses si vives,
Ces haines, ces retours et ces alternatives,
Ces désespoirs mortels suivis d’espoirs charmants,
C’est l’amour, c’est ainsi que vivent les amants.
Cette existence-là c’est la mienne, la nôtre ;
Telle qu’elle est, pourtant, je n’en voudrais pas d’autre.
On est bien malheureux, mais pour un tel malheur
Les heureux volontiers changeraient leur bonheur.
Aimer ! ce mot-là seul contient toute la vie.
Près de l’amour, que sont les choses qu’on envie ?
Trésors, sceptres, lauriers, qu’est tout cela, mon Dieu !
Comme la gloire est creuse et vous contente peu !
L’amour seul peut combler les profondeurs de l’âme,
Et toute ambition meurt aux bras d’une femme !