Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/49

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L’on en voit qui n’ont pas d’épitaphe à leurs tombes,
Et de leurs trépassés font comme aux catacombes
Un grand entassement ;
Dont le cœur est un champ uni, sans croix ni pierres,
Et que l’aveugle Mort de diverses poussières
Remplit confusément.

D’autres, moins oublieux, ont des caves funèbres
Où sont rangés leurs morts, comme celles des Guèbres
Ou des Égyptiens ;
Tout autour de leur cœur sont debout les momies,
Et l’on y reconnaît les figures blémies
De leurs amours anciens.

Dans un pur souvenir chastement embaumée
Ils gardent au fond d’eux l’âme qu’ils ont aimée ;
Triste et charmant trésor !
La mort habite en eux au milieu de la vie ;
Ils s’en vont poursuivant la chère ombre ravie
Qui leur sourit encor.