Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/61

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Combien, don Juans obscurs, ont leurs listes remplies
Et qui cherchent encor ! Que de lèvres pâlies
Sous les plus doux baisers,
Et qui n’ont jamais pu se joindre à leur chimère !
Que de désirs au ciel sont remontés de terre
Toujours inapaisés !

Il est des écoliers qui voudraient tout connaître,
Et qui ne trouvent pas pour valet et pour maître
De Méphistophélès.
Dans les greniers, il est des Faust sans Marguerite
Dont l’enfer ne veut pas et que Dieu déshérite ;
Tous ceux-là, plaignez-les !

Car ils souffrent un mal, hélas ! inguérissable ;
Ils mêlent une larme à chaque grain de sable
Que le temps laisse choir.
Leur cœur, comme un orfraie au fond d’une ruine,
Râle piteusement dans leur maigre poitrine
L’hymne du désespoir.