Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/97

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Mon cœur, ne battez plus, puisque vous êtes mort ;
Mon âme, repliez le reste de vos ailes,
Car vous avez tenté votre suprême effort.

Vos deux linceuls sont prêts, et vos fosses jumelles
Ouvrent leur bouche sombre au flanc de mon passé,
Comme au flanc d’un guerrier, deux blessures mortelles.

Couchez-vous tout du long dans votre lit glacé ;
Puisse avec vos tombeaux, que va recouvrir l’herbe,
Votre souvenir être à jamais effacé !

Vous n’aurez pas de croix ni de marbre superbe,
Ni d’épitaphe d’or, où quelque saule en pleurs
Laisse les doigts du vent éparpiller sa gerbe.

Vous n’aurez ni blasons, ni chants, ni vers, ni fleurs ;
On ne répandra pas les larmes argentées
Sur le funèbre drap, noir manteau des douleurs.