Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/104

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beaucoup à ceux qui possèdent le pouvoir ; il est possible que la sûreté de son petit royaume, en danger peut-être, lui fasse accepter une protection et une alliance qui doivent lui déplaire, en effet.

— Et le Panch-Anan, comment se tire-t-il de là ?

— La crainte de perdre un riche apanage, si la reine était dépossédée, doit lui suggérer mille subtilités pour démontrer la possibilité du mariage et excuser le sacrilège. Une des conditions, d’ailleurs, est qu’on respectera les croyances de la reine.

— Le fiancé, qui est-ce ?

— Un prince de la maison de Nizam-el-Molouk, le vieux Soubab, c’est-à-dire le roi du Dekan. Ce prince peut arriver un jour au pouvoir, et le Dekan c’est la moitié de l’Inde !

— Que suis-je en effet à côté d’une pareille puissance ! dit Bussy, et cependant je lutterais, si j’étais indépendant et riche. Ah ! Naïk, parmi les légendes qu’on se raconte le soir au clair de lune, dans les bosquets de bambous, ne connais-tu pas quelque histoire vraisemblable de trésor caché ?

— Si l’on écoute la légende, il y a des trésors cachés sous tous les arbres, dans toutes les ruines, dit Naïk en riant, mais en général ceux qui les cherchent meurent de misère.

— Alors, cherchons autre chose, soupira Bussy. Ah ! vois-tu, je suis dans un mauvais jour et je n’ai pas la force de réagir contre cette folie que je ne peux même plus te cacher. Se sentir immobilisé comme dans une glu ! ne pouvoir agir, tenter quelque chose, me rapprocher d’elle, rôder autour des lieux qu’elle