Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/123

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— Pour l’éprouver ; mais il a bien vite reconnu en moi un égal. Nous avons échangé les paroles mystérieuses.

— Alors, c’est ta volonté qui a rendu vaines les cérémonies de purifications accomplies par ta victime ?

— A-t-elle accompli tous les rites ? demanda Bussy très gravement.

— Certes ! un brahmane l’assistait et a tout ordonné. Il a cueilli lui-même, au soleil levant, l’herbe sacrée qu’ils appellent le Darba de Vichnou, il a brûlé lui-même les aromates et dit les paroles toutes-puissantes. Trois fois on a recommencé l’incantation la plus solennelle, trois fois inutilement.

— À quels signes a-t-on reconnu que la cérémonie sacrée n’était pas agréée par les dieux ?

— À ce que la reine n’a pas retrouvé le calme et se sent plus que jamais brûlée par la souillure.

— C’est bien ce que je voulais, dit Bussy ; sache que, tandis qu’ils brûlaient le Darba de Vichnou, je distillais la Mandragore, cueillie au clair de la lune, et qu’aux formules magiques qu’ils proféraient, j’opposais des formules beaucoup plus puissantes qui brisaient le pouvoir des leurs et les réduisaient à néant, et sache qu’il en sera ainsi toujours.

— Pourquoi cet acharnement ?

— Parce que cette femme est coupable envers moi, qu’elle mérite d’être punie et que je la punirai tant qu’elle ne sera pas quitte envers moi de sa dette de reconnaissance.

— On avait prévu cette réponse, dit Arslan d’un air