Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/21

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deux batteries de mortiers, dirigées sur un angle de la place dépourvu de feux.

Quand les assiégés tentent leur sortie par la porte Royale, les Français ont déjà franchi les deux bras du Montauron. Ils s’avancent dans un ordre parfait et semblent bien résolus à ne se laisser arrêter par rien.

Ces maigres cipayes à la peau brune, qui veulent leur barrer la route, un peu grotesques dans leurs costumes à demi anglais, les font sourire et ils ne ralentissent même pas leur marche, attendant pour tirer d’avoir essuyé une décharge.

La voici.

Elle est bien hésitante et bien mal dirigée, car elle n’atteint personne ; mais à la première riposte, déjà les cipayes rompent leurs rangs, reculent, et bientôt rentrent, en désordre, dans la ville.

La maison du gouverneur est envahie par les Français, et l’on commence aussitôt à donner des coups de pioche et à tout bouleverser dans le jardin, sans souci des bosquets de jasmins.

Les jolis canards de la Chine qui étaient déjà couchés retirent vivement la tête de dessous leur aile et tâchent de se rendre compte de la situation ; mais, après une longue réflexion, n’ayant pu se l’expliquer, avec un léger frisson ils replacent leur bec dans le doux duvet et se rendorment.

Le lendemain, jugeant qu’il est impossible de tenir, le gouverneur Morse envoie une députation au camp français. Le commandant Mahé de La Bourdonnais la reçoit sous sa tente et un des députés, M. Haly-Burton,