Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/280

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salves formidables annoncent l’arrivée du gouverneur français.

Par l’ouverture de la tente, on aperçoit un cortège royal :

Des lanciers portant des guidons blanc et or, des escadrons de grenadiers, des mousquetaires, avec des étendards semés de fleurs de lis. Puis Dupleix, à cheval, s’avance, au milieu de son état-major, et derrière lui, dressé un peu obliquement sur le dos d’un éléphant, le drapeau français déploie ses plis frangés d’or, et montre l’écharpe blanche, sous la lance de la hampe. À côté de ce drapeau apparaît le Mamurat, Mouzaffer ayant donné à Dupleix le droit de l’arborer comme lui-même.

Douze éléphants viennent ensuite, portant un orchestre de timbales, de fifres, de hautbois, de trompettes, jouant une marche militaire de Philidor, que, par intermittences, le canon couvre de son bruit.

Dupleix met pied à terre et, tandis qu’il marche vers la tente, les tambours battent aux champs, les soldats présentent les armes, frappent le sol des talons, et poussent des vivats.

Le gouverneur s’approche vivement du soubab, s’incline devant lui et lui présente, sur un mouchoir en point d’Alençon, le tribut habituel de vingt mohurs d’or, auquel il joint de riches présents ; mais Mouzaffer-Cingh se lève et prenant Dupleix par la main, il le conduit vers le second trône.

— Ce n’est pas à moi, dit-il, que sera rendu aujourd’hui l’hommage du Nussur, mais bien à celui à qui je dois ma gloire.