Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/314

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du palais, qui frappait le sol de sa haute canne d’argent.

— Que nous veut ce maître des cérémonies ? dit Kerjean.

Le personnage, un vieillard, somptueusement vêtu, coiffé d’un turban cramoisi, brodé d’or, et qui avait la barbe teinte en pourpre, mit la main sur son front et s’inclina devant le marquis.

— Le salut soit avec toi, maître de nos destinées ! dit-il. Te plaît-il de me suivre, selon le désir du roi, là où je dois te conduire ?

— Avec toi soit le salut, dit Bussy ; je suis le sujet très obéissant de Sa Majesté. Venez-vous ? Kerjean, ajouta-t-il en se tournant vers son ami, voyons quelle surprise on nous ménage.

Dans la cour, un cortège nombreux s’entassait, et la confusion était extrême. Les jeunes gens montèrent à cheval ; le hadjib rentra dans son palanquin ; mais on eut grand’peine à rétablir l’ordre et à reformer le défilé. Passant la moitié de son corps hors de la litière, avec des gestes véhéments, le hadjib s’égosillait à crier des recommandations, qui se perdaient au milieu des cris, des piaffements, du grognement des éléphants, agacés par le voisinage des chevaux dont la présence les irrite toujours. Enfin, on parvint à reprendre la file, et l’escorte se mit en marche.

— Comment ! dit Kerjean, les timbales royales ! des hérauts, des gardes, des éléphants ! Ce cortège est plus magnifique que celui du grand vizir.

— C’est un attirail bien gênant, si on était pressé, dit le marquis, en riant.