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XXVI

L’AMBASSADEUR

Ourvaci est tombée sans connaissance quand les hérauts, sonnant de la trompette, ont annoncé qu’un ambassadeur du roi du Dekan est en marche vers Bangalore.

Elle est là, comme morte, dans la chambre aux stores de perles, étendue sur les coussins, pareille à une statue d’albâtre renversée de son piédestal.

Ses femmes ne peuvent parvenir à la rappeler à la vie et, pleines d’angoisse, attendent le médecin musulman, qu’un page, en courant, est allé appeler.

Lila soulève la tête de la reine pour lui enlever tous les ornements de sa coiffure et dénouer sa lourde chevelure, qui se répand comme un ruisseau de parfums. Mangala, agenouillée de l’autre côté, dégrafe le corselet d’or et ôte le collier d’opale qui pèse sur la poitrine.

— Hélas ! est-elle morte ? dit-elle ; elle est aussi blanche que le jasmin, et ses lèvres n’ont plus de couleur.