Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/332

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pières, à plusieurs reprises, une turquoise conique, le doux contact de cette pierre étant favorable aux yeux. Après quelques minutes, la reine revint à elle,

— Ah ! gloire aux pierreries ! s’écria Mangala, elles nous rendent belles et nous guérissent !

— Qu’est-ce donc ? Une faiblesse ? la chaleur, n’est-ce pas ? dit Ourvaci en regardant languissamment autour d’elle.

Mais elle pressa la main de Lila pour lui faire comprendre qu’elle se souvenait.

— Il faut te reposer. Parure du Monde, dit le médecin, en lui offrant dans une coupe d’or quelques gorgées d’un élixir ; bois ceci et appelle le sommeil pour terminer la guérison.

— Oui, je suis très lasse, je vais dormir ; évente-moi, Lila.

En allant prendre l’écran de plumes, Lila fit signe à Abou-al-Hassan d’emmener Mangala.

— Si la gracieuse princesse veut bien m’accompagner, dit-il en s’inclinant devant cette dernière, je lui donnerai quelques instructions encore, pour éloigner tout mal de notre bien-aimée reine.

Mangala, voyant qu’Ourvaci s’endormait, suivit sans regret le médecin. À peine fut-elle éloignée que la reine se releva, les yeux brillants de fièvre.

— Je n’ai pas rêvé, n’est-ce pas, Lila ? un ambassadeur du roi va venir ?

— Hélas ! c’est certain.

— Eh bien, qu’il ne nous trouve pas ici ; si tu m’aimes, suis-moi ; je veux m’enfuir et me cacher dans la forêt.