Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/339

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Du haut des murailles le peuple regardait.

Le détachement français qui accompagnait l’ambassadeur, salua d’une décharge de mousqueterie, les cortèges se joignirent et entrèrent ensemble dans la ville.

Des coureurs, vêtus de tuniques courtes, armés de hautes cannes à pommeau d’argent et d’or, écartaient la foule dont toutes les rues étaient pleines ; pas un des habitants qui ne fût couronné de roses ou de jasmin, pas un qui ne portât entre ses bras une corbeille débordante des fleurs les plus belles : Bangalore s’offrait comme un bouquet, et l’air était saturé de parfums.

On s’engagea sur un large pont, ce qui permit de voir la ville se dérouler, avec ses grands escaliers blancs descendant vers l’eau, ses terrasses ornées de sculptures, ses jardins, ses hautes pagodes, dont les toits de pierre avaient la forme de ruches.

Enfin on atteignit le palais, on franchit le portail d’honneur, les fanfares sonnèrent comme pour la reine.

— Est-ce à l’ambassadeur qu’elle fait cet accueil, se disait Bussy, ou à celui qu’il représente ?

Il éprouvait un singulier mélange de joie et de tristesse : bonheur du présent, épouvante de l’avenir, doute suivi d’espérance, émotion lancinante à l’idée de revoir la bien-aimée, sentiment qui bientôt domina seul, submergea tous les autres.

Il descendit des hauteurs de Ganésa. Des personnages majestueux s’inclinèrent devant lui, lui souhaitant la bienvenue, dans des phrases longues et pom-