Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/56

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Un bruit de pas gravissant en hâte l’escalier vint interrompre la conversation des deux jeunes hommes. Un noir parut, suivi d’un laquais en livrée.

Ce laquais remit une lettre à Kerjean :

— Ah ! c’est de ma cousine Mme Barnwal, dit-il en brisant vivement le cachet, et il lut le billet tout haut.

« Venez vite, mon cher cousin, une députation de Pondichéry arrive à l’instant, envoyée par Dupleix et le conseil supérieur. »

— En route ! s’écria le jeune officier en rattachant son épée, le combat va s’engager. Venez aussi, Bussy, l’invitation est pour vous autant que pour moi.

— Qui est Mme Barnwal ? demanda ce dernier tout en suivant son compagnon.

— Une belle-fille de mon oncle Dupleix. Elle a épousé un commerçant anglais et habite Madras. C’est une charmante femme, toute Française de cœur.

Quand ils entrèrent dans la salle où étaient réunis les députés, engagés dans une conversation très animée, Mme Barnwal accourut au-devant de Kerjean.

— Arrivez donc, mon cousin, lui dit-elle d’un ton où il y avait beaucoup d’inquiétude, malgré un air d’enjouement, j’ai besoin d’un chevalier pour prendre ma défense : imaginez-vous que ce terrible commandant veut s’emparer de ma personne et me garder comme otage !

Mais elle s’arrêta, interdite, en voyant que Kerjean n’était pas seul.

— Le marquis Charles de Bussy, capitaine des volontaires, dit Kerjean, présentant le nouveau venu,