dura peu. Il comprit vite combien ce croquis était informe, et différent du véritable Fidèle ; il l’effaça, et, cette fois, essaya de faire un mouton ; il y réussit un peu moins mal, il avait déjà de l’expérience : cependant le charbon s’écrasait sous ses doigts, la planche mal rabotée trahissait ses efforts.
— Si j’avais du papier et un crayon, je réussirais mieux ; mais comment pourrai-je m’en procurer ?
Petit-Pierre oubliait qu’il fût un capitaliste.
Il s’en souvint pourtant ; et, un jour, confiant son troupeau à un camarade, il s’en alla résolûment à la ville et entra chez un marchand, lui demandant ce qu’il fallait pour dessiner. Le marchand étonné lui donna du papier et des crayons de plusieurs sortes. Petit-Pierre, tout heureux d’avoir accompli cette tâche héroïque et difficile d’acheter tant d’objets étranges, s’en retourna à ses moutons, et, sans les négliger, consacra au dessin tout le temps que les bergers ordinaires mettent à jouer du pipeau, à sculpter des bâtons et à faire des pièges pour les oiseaux et pour les fouines.
Sans trop se rendre compte du motif qui guidait ses pas, il conduisait souvent son troupeau à l’endroit où