Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/98

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– Rappelle-la, je te prie.

Ovari obéit. La jeune fille revint tremblante, les yeux baissés.

Hiéyas la regarda fixement avec une expression de visage effrayante pour qui connaissait cet homme. La jeune fille releva la tête cependant, et l’on put lire dans ses yeux une intrépidité invincible, une sorte de renoncement à soi-même et à la vie.

— C’est toi qui nous as trahis, dit Hiéyas d’une voix sourde.

— Oui, dit-elle.

— Que signifie ceci ? s’écria le prince d’Ovari en faisant un soubresaut.

— Cela veut dire que le complot si bien ourdi derrière les murs de ce château, si mystérieusement dérobé à tous, elle l’a surpris et dévoilé.

— Misérable s’écria le prince en levant le poing sur sa fille.

— Une femme, une enfant, enrayant un projet politique ! reprit Hiéyas. Un vil caillou qui vous fait trébucher et vous précipite à terre, c’est dérisoire !

— Je te tuerai hurla Ovari.

— Tuez-moi, qu’importe, dit la jeune fille, j’ai sauvé le roi. Sa vie ne vaut-elle pas la mienne ? Depuis longtemps, j’attendais votre vengeance.

— Tu n’attendras plus longtemps, dit le prince en la saisissant à la gorge.

— Non, ne la tue pas, dit Hiéyas ; je me charge de son supplice.

— Soit, dit Ovari, je te l’abandonne.

— C’est bien, dit Hiéyas, qui fit signe à Faxibo de ne pas perdre de vue la jeune fille. Mais laissons ce qui est passé ; regardons vers l’avenir. M’es-tu toujours dévoué ?