Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
129
le collier des jours

sa légèreté, et le public émerveillé l’applaudit avec furie lorsqu’elle redescend. »

Et ailleurs, à propos du ballet de La Péri, composé par lui, qui avait été aussi un éclatant succès :

« Quelque charme que puissent offrir les péris orientales avec leurs pantalons rayés d’or, leurs corsets de pierreries, leurs ailes de perroquet, leurs mains peintes en rouge et leurs paupières teintes en noir, je doute qu’elles dansent aussi bien… Le pas du songe a été pour elle un véritable triomphe ; lorsqu’elle paraît dans cette auréole lumineuse avec son sourire d’enfant, son œil étonné et ravi, ses poses d’oiseau qui tâche de prendre terre et que ses ailes emportent malgré lui, des bravos unanimes éclatent dans tous les coins de la salle. Quelle danse merveilleuse ! Je voudrais y voir les péris et les fées véritables ! Comme elle rase le sol sans le toucher ! On dirait une feuille de rose que la brise promène : et pourtant, quels nerfs d’acier dans cette frêle jambe, queues force dans ce pied, petit à rendre jalouse la Sévillane la mieux chaussée ; comme elle retombe sur le bout de ce mince orteil ainsi qu’une flèche sur sa pointe !… Il y a dans ce pas un certain saut qui sera bientôt aussi célèbre que le saut du Niagara. Le public l’attend avec une curiosité pleine de frémissement. Au