de me traîner jusqu’à lui pour l’étrangler et lui faire rentrer sa trahison dans la gorge. Tout est perdu. On va envoyer des soldats vers l’empereur. Que faire ? Il faudrait que Ta-Kiang fût prévenu. Hélas ! je suis prisonnier et mourant.
Il sentit une main se poser légèrement sur son épaule, tourna la tête et, dans la pénombre, aperçut une femme qu’il lui sembla avoir entrevue déjà.
— Tu es courageux comme un Sage céleste, murmura-t-elle ; tu as souffert plus que la mort pour ne pas me compromettre en disant la vérité. Je veux te sauver. Traîne-toi jusqu’à cette porte pendant que les gardes contemplent la méditation du juge et suis-moi.
— Ah ! se dit Ko-Li-Tsin, c’est la femme qui m’a fait entrer dans le coffre.
Il se traîna sur les coudes, car ses mains étaient horriblement douloureuses.
— Se pourrait-il qu’elle me sauvât ? pensait-il.
Le poète s’était considérablement rapproché de la porte. Yu-Tchin le soutenait en tremblant.
— Encore un effort ! disait-elle ; les soldats ne regardent pas, tu vas être sauvé. Viens, pauvre meurtri ! viens, je baiserai tes blessures !
Enfin ils se trouvèrent hors de la salle. Ko-Li-Tsin essaya de se lever ; il ressentait d’atroces douleurs ; des sanglots lui montaient à la gorge ; mais on avait omis de lui rompre les jambes : il se tint debout.
— Courage, cher malheureux ! dit Yu-Tchin à voix basse. Atteignons vite l’extrémité de ce couloir : on ne te cherchera pas d’abord sous cette