posa les mains ; elle faillit s’évanouir en sentant des écailles humides et froides ; cependant elle ne retira pas ses doigts.
— Si c’est un monstre venu de l’empire des Yé-Kiuns, qu’il me dévore tout de suite, pensa-t-elle.
Mais soudain elle s’écria :
— C’est le poisson coupable, le complice de mon crime !
Et elle se recula vivement ; mais le plat d’or que son pied heurta rebondit sur les dalles et un bruit métallique éclata dans l’obscurité.
Yo-Men-Li s’enfuit, égarée.
— Je veux sortir de cette salle, soupira-t-elle, car toutes les terreurs y habitent.
Elle atteignit la muraille et chercha frénétiquement une issue ; un lourd rideau s’écarta sous sa main ; palpitante, elle se précipita hors de la Salle du Repas.
Une clarté presque insensible emplissait la chambre où Yo-Men-Li venait d’entrer ; c’était une lumière vague, indécise, n’éclairant rien, mais blanchissant doucement l’obscurité ; on eût dit de la neige sous une nuit noire : la lune s’était levée et caressait faiblement les fenêtres où s’enchâssaient entre des nervures d’or des coquillages nacrés aux pâles transparences.
Yo-Men-Li avança d’un pas ferme ; mais le claquement de ses semelles sur le sol lui fit peur.
— S’il y avait des hommes dans cette chambre, pensa-t-elle, des hommes endormis qui s’éveille-