Page:Gautier - Le Japon (merveilleuses histoires), 1912.djvu/113

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s’empressait avec une sorte d’affectation, autour de la jeune Mizou.

Quand tout le monde fut arrivé, les cérémonies commencèrent : on se rassembla dans la cour intérieure de l’habitation, au milieu de laquelle un grand feu flambait.

Deux jeunes filles, vêtues de robes d’azur brodées de grands papillons d’or, s’avancèrent gracieusement. Ces jeunes filles représentaient un couple de ces jolis insectes, tout ailes, tout amour, qui symbolisent la félicité conjugale. Elles tenaient chacune une anse d’une grande corbeille pleine de jouets d’enfants, qu’elles jetèrent successivement dans le brasier.

« L’enfant joueur n’est plus, disait l’un.

— La fillette se transforme en femme, comme la chrysalide devient papillon.

— Les poupées ont vécu, désormais tu berceras tes fils.

— Tu souriras à ton époux, tu surveilleras le ménage. »

Et les jouets l’un après l’autre tombaient dans la flamme qui pétillait. Lorsqu’il n’en resta plus un seul, les deux papillons frappèrent dans leurs mains, en criant :

« Partons… partons… »

Alors la mère de famille éclata en sanglots ; Mizou souleva sa large manche, lourde de broderies, jusqu’à la hauteur de ses yeux ; Fûten baissa la tête, tandis que Yamata se cachait le visage dans ses voiles blancs.