Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/111

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deux mille sphinx à corps de lion et à tête de bélier, se prolongeant du palais du Nord au palais du Sud ; sur les piédestaux l’on voyait s’évaser les croupes énormes de la première rangée de ces monstres tournant le dos au Nil.

Plus loin s’ébauchaient vaguement dans une lumière rosée des corniches où le globe mystique déployait ses vastes ailes, des têtes de colosses à figure placide, des angles d’édifices immenses, des aiguilles de granit, des superpositions de terrasses, des bouquets de palmiers, s’épanouissant comme des touffes d’herbe entre ces prodigieux entassements ; et le palais du Sud développait ses hautes parois coloriées, ses mâts pavoisés, ses portes en talus, ses obélisques et ses troupeaux de sphinx.

Au-delà tant que la vue pouvait s’étendre, Oph se déployait avec ses palais, ses collèges de prêtres, ses maisons, et de faibles lignes bleues indiquaient aux derniers plans la crête de ses murailles et le sommet de ses portes.

Tahoser regardait vaguement cette perspective familière pour elle, et ses yeux distraits n’exprimaient aucune admiration ; mais, en passant devant une maison presque enfouie dans une touffe de luxuriante végétation, elle sortit de son apa-