Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/114

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tesque parallélogramme ; des murs de briques crues formant talus revêtaient ces terrassements, leurs crêtes étaient garnies, sur plusieurs rangées de profondeur, par des centaines de mille d’Égyptiens dont les costumes blancs ou bigarrés de couleurs vives papillotaient au soleil dans ce fourmillement perpétuel qui caractérise la multitude, même lorsqu’elle semble immobile ; en arrière de ce cordon de spectateurs, les chars, les chariots, les litières, gardés par les cochers, les conducteurs et les esclaves, avaient l’aspect d’un campement de peuple en migration, tant le nombre en était considérable : car Thèbes, la merveille du monde antique, comptait plus d’habitants que certains royaumes.

Le sable uni et fin de la vaste arène bordée d’un million de têtes, scintillait de points micacés, sous la lumière tombant d’un ciel bleu comme l’émail des statuettes d’Osiris.

Sur le côté sud du champ de manœuvre, le revêtement s’interrompait et laissait déboucher dans la place une route se prolongeant vers l’Éthiopie supérieure, le long de la chaîne libyque. À l’angle opposé, le talus coupé permettait au chemin de se continuer jusqu’au palais de Rhamsès-Meïamoun, en passant