Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/119

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retenue par une bretelle unique, brodée d’ornements de couleurs diverses.

Une cruauté ingénieuse et fantasque avait présidé à l’enchaînement de ces prisonniers. Les uns étaient liés derrière le dos par les coudes ; les autres, par les mains élevées au-dessus de la tête, dans la position la plus gênante ; ceux-ci avaient les poignets pris dans des cangues de bois ; ceux-là, le col étranglé dans un carcan ou dans une corde qui enchaînait toute une file, faisant un nœud à chaque victime. Il semblait qu’on eût pris plaisir à contrarier autant que possible les attitudes humaines, en garrottant ces malheureux qui s’avançaient devant leur vainqueur d’un pas gauche et contraint, roulant de gros yeux et se livrant à des contorsions arrachées par la douleur.

Des gardiens marchant à côté d’eux réglaient leur allure à coups de bâton.

Des femmes basanées, aux longues tresses pendantes, portant leurs enfants dans un lambeau d’étoffe noué à leur front, venaient derrière, honteuses, courbées, laissant voir leur nudité grêle et difforme, vil troupeau dévoué aux usages les plus infimes.

D’autres, jeunes et belles, la peau d’une nuance