Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/122

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sur la route du vainqueur de longues branches vertes de palmier qu’il balançait.

Enfin le Pharaon parut !

Des prêtres, se retournant à intervalles égaux, allongeaient vers lui leurs amschirs après avoir jeté de l’encens sur les charbons allumés dans la petite coupe de bronze, soutenue par une main emmanchée d’une espèce de sceptre terminé à l’autre bout par une tête d’animal sacré, et marchaient respectueusement à reculons pendant que la fumée odorante et bleue montait aux narines du triomphateur, en apparence indifférent à ces honneurs comme une divinité de bronze ou de basalte.

Douze oëris ou chefs militaires, la tête couverte d’un léger casque surmonté d’une plume d’autruche, le torse nu, les reins enveloppés d’un pagne à plis roides, portant devant eux leur targe suspendue à leur ceinture, soutenaient une sorte de pavois sur lequel posait le trône du Pharaon. C’était un siège à pieds et à bras de lion, au dossier élevé, garni d’un coussin débordant, orné sur sa face latérale d’un lacis de fleurs roses et bleues ; les pieds, les bras, les nervures du trône étaient dorés, et de vives couleurs remplissaient les places laissées vides par la dorure.