Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/129

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nait et tremblait sourdement, comme si une catastrophe de la nature l’eût agitée.

Aux chars succédèrent les bataillons d’infanterie, marchant en ordre, le bouclier au bras gauche, et, suivant leur arme, la lance, le harpé, l’arc, la fronde ou la hache à la main droite ; les têtes de ces soldats étaient couvertes d’armets ornés de deux mèches de crin, leurs corps sanglés par une ceinture-cuirasse en peau de crocodile. Leur air impassible, la régularité parfaite de leurs mouvements, leur teint de cuivre rouge foncé encore par une expédition récente aux régions brûlantes de l’Éthiopie supérieure, la poudre du désert tamisée sur leurs vêtements inspiraient l’admiration pour leur discipline et leur courage. Avec de tels soldats, l’Égypte pouvait conquérir le monde. Ensuite venaient les troupes alliées, reconnaissables à la forme barbare de leurs casques pareils à des mitres tronquées, ou surmontés de croissants embrochés dans une pointe. Leurs glaives aux larges tranchants, leurs haches tailladées devaient faire d’inguérissables blessures.

Des esclaves portaient le butin annoncé par le héraut sur leurs épaules ou sur des brancards, et des belluaires traînaient en laisse des panthères,