Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

serrant une porte monumentale plutôt faite pour laisser passer des colosses de granit que des hommes de chair. Au-delà de ces propylées, remplissant le fond d’une troisième cour, le palais proprement dit apparaissait avec sa majesté formidable ; deux avant-corps pareils aux bastions d’une forteresse se projetaient carrément, offrant sur leurs faces des bas-reliefs méplats d’une dimension prodigieuse, qui représentaient sous la forme consacrée le Pharaon vainqueur flagellant ses ennemis et les foulant aux pieds ; pages d’histoire démesurées, écrites au ciseau sur un colossal livre de pierre, et que la postérité la plus reculée devait lire.

Ces pavillons dépassaient de beaucoup la hauteur du pylône, et leur corniche évasée et crénelée de merlons s’arrondissait orgueilleusement sur la crête des montagnes libyques, dernier plan du tableau. Reliant l’un à l’autre, la façade du palais occupait tout l’espace intermédiaire. Au-dessus de sa porte géante, flanquée de sphinx, flamboyaient trois étages de fenêtres carrées trahissant au-dehors l’éclairage intérieur et découpant sur la paroi sombre une sorte de damier lumineux. Au premier étage saillaient des balcons soutenus par des