Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/139

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ques : car des fleurs vraies eussent semblé mesquines au centre de cette salle immense, et il fallait mettre la nature en proportion avec le travail grandiose de l’homme ; les plus vives couleurs, jaune d’or, azur, pourpre, diapraient ces calices énormes.

Au fond s’élevait le trône ou fauteuil du Pharaon, dont les pieds croisés bizarrement et retenus par des nervures enroulées contenaient, dans l’ouverture de leurs angles, quatre statuettes de prisonniers barbares asiatiques ou africains, reconnaissables à leurs physionomies et à leurs vêtements ; ces malheureux, les coudes noués derrière le dos, à genoux dans une posture incommode, le corps tendu, portaient sur leur tête humiliée le coussin quadrillé d’or, de rouge et de noir où s’asseyait leur vainqueur. Des mufles d’animaux chimériques, dont la gueule laissait échapper en guise de langue une longue houppe rouge, ornaient les traverses du siège.

De chaque côté du trône étaient rangés, pour les princes, des fauteuils moins riches, mais encore d’une élégance extrême et d’un caprice charmant : car les Égyptiens ne sont pas moins adroits à sculpter le bois de cèdre, de cyprès et de sycomore, à le dorer, à le colorier, à l’incruster d’é-